Le Club des Jacobins

Publié le par Association Suchet, armée des Alpes


Le plus célèbre et le puissant des clubs révolutionnaires voit le jour en 1789 avec la convocation des Etats Généraux. Quelques députés originaires de la Bretagne fondent à Versailles le " club Breton ", on y retrouve Lanjuinais comme principal chef de file. Des députés d’autres provinces se rallieront vite à ce club inspiré de la philosophie des Lumières. En octobre 1789 l’Assemblée Constituante s’établit dans la Capitale, le club emménage lui aussi à Paris dans le couvent des Jacobins de la rue Saint-Honoré et prendra le nom de " Société des amis de la Constitution ". Initialement formé de 200 députés, le club sera bientôt ouvert à tous. Les élus y débattent de l’actualité politique et préparent les séances de l’Assemblée. Le club et ses idées s’importèrent vite en province : on compte plus de 150 succursales en juillet 1790. La " maison mère " parisienne compte alors environ 1200 membres dont La Fayette, Noailles, Duport, Barnave, Robespierre - encore modéré - mais aussi des Républicains comme Billaud Varenne et Brissot ainsi que des Démocrates comme Couthon.

La fuite de Capet à Varennes va marquer un premier tournant dans la ligne politique des Jacobins : les Républicains perdent en marginalité et certains " modérés " vont désormais avoir la plus grande méfiance vis à vis de la famille royale. La fusillade du champ de Mars, le 17 juillet 1791, va voir les éléments restés modérés faire scission avec les Jacobins pour fonder le club des Feuillants. Les Jacobins rassemblent alors les partisans de Brissot d’un côté et ceux de Robespierre de l’autre. Fort de ces affiliations provinciales, le club devient vite un groupe de pression très important : on y élabore des décrets, prépare des pétitions, critique les ministres... De plus, le club sert de véritable plate-forme à certains députés ; ainsi Robespierre prend la parole plus de cent fois entre octobre 1791 et juillet 1792 ; même si il n’est pas toujours suivit par une majorité Brissotine qu’il lui sait hostile, l’Incorruptible trouve à la barre des Jacobins une tribune idéale pour défendre ses idées et se faire reconnaître du peuple.

Le club des Jacobins va jouer un rôle déterminant dans la préparation des journées révolutionnaires, notamment celles du 20 juin et du 10 août 1792. Les élections à la Convention voient se découper de nouveaux clivages entre les Girondins groupés autour du couple Roland et les Montagnards partisans de Marat, Robespierre et Danton. Ainsi les Girondins vont ils quitter le club, laissant les Montagnards s’y forger une arme redoutable contre eux. Les 3 mai et 2 juin 1793, l’insurrection préparée par la Commune et les Jacobins aboutit à l’arrestation des leaders Girondins. Les Jacobins vont rester seuls maîtres de l’appareil politique de la Révolution.

A partir de ce mois de juin 1793, les Jacobins vont s’installer au pouvoir. Quasiment l’ensemble des membres des deux Comités en sont issus, ainsi que la plupart des représentants en missions qui s’efforcent de créer de nouvelles ramifications à travers le pays. Mais le club va bientôt être le lieu de nouveaux affrontements entre les partisans de Hébert, ceux de Danton et ceux de Robespierre. Ce dernier va finir par avoir le dessus sur les " ultras " puis sur les " citras ". Privé d’opposants, Robespierre va faire du club son moyen d’action politique le mieux huilé et le mieux organisé. A sa chute, le 9 thermidor, le club fut rendu coupable des excès de la Terreur. La Convention Thermidorienne ne va pas tarder à ordonner la fermeture définitive du club des Jacobins le 12 novembre 1794.

Par la suite, d’autres clubs d’inspiration Jacobine se créèrent à Paris et en Province. A Paris, un club des Jacobins fut créé dans la salle du Manège en juillet 1799 par des hommes comme Grandmaison, Marbot et même Jourdan. Fouché le fit fermer dès le 13 août de la même année. Les Jacobins furent ensuite persécutés sous le régime dirigé par Bonaparte.

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