lettre d'une femme à un soldat de la 152e

Publié le par Association Suchet, armée des Alpes

AN III

 

 

Le 13 fructidor an III, Marie Angélique Ciza Buiroz, hostpitalière demeurant à l'hôpital de Saint Rambert, dans l’Ain, informe la municipalité du décès d’un soldat, arrivé à l'hôpital une dizaine de jours auparavant, dont elle ignore le nom. Tout ce qu’elle sait de cet homme, est une lettre retrouvée dans ses affaires et qu’elle dépose au greffe de la municipalité. La lettre est jointe au registre d’état-civil :

« de l’Abedage, ce 18 thermidor l’an 3ème de la République Française, une et indivisible

Mon très cher époux

Avec combien de plaisir j’ai reçu votre lettre en date du 5 de ce mois. C’est toujours une nouvelle satisfaction pour moi de recevoir et surtout d’apprendre que vous jouissez d’une parfaite santé. Je désire que alors continuez pour ma tranquillité puisque je suis privé du plaisir de vous voir, mais j’espère que cela viendra comme vous me le faîtes espoir, qu’il me tarde, cher ami, vous ne pouvez pas vous faire une idée combien vous m’êtes cher ainsi bien qu’à mon père et ma mère qui ne respirent que pour vous voir. Frère et sœur qui sont charmés d’avoir de vos nouvelles, je suis surprise que vous n’avez pas reçu la lettre où je vous faisais remerciement des 25 francs que vous m’avez envoyé. Je vous en remercie de tout mon cœur. J’apprend avec grand plaisir que vous êtes rapproché de ce côté, si cela ferait que je reçoive plus souvent de vos nouvelles et je ne serais pas si longtemps dans l’inquiétude envers vous. Cher ami, ne vous chagrinez pas sur mon amitié, jamais elle n’a été plus forte et plus chère à mon cœur. Il me semble toujours à chaque instant vous voir entrer. Tous les habits uniformes que je voyais venir je croyais être vous qui vient nous surprendre mais je suis trompée dans mon attente et je ne souhaite mille fois dans le jour ou vous qu’il me tarde que le moment tant désiré arrive. Je croyais que vous êtes de m’aimer et n’en doute pas d’un moment, c’est ce qui ranime mon espérance envers vous.

Mon père et ma mère vous embrasse de tout leur cœur ainsi que mon frère et sœur sans oublier tous nos voisins qui vous en disent de m’aimer, et moi cher ami qui vous en dit mille fois d’avantage et désire que la présente vous trouve en parfaite santé et suis en attendant une présente réponse, la plus sincère et tendre des femme pour la vie.

Bordier.

Tous des compliments à Duchenne pour nous.

 

 

Au citoyen Louis Bordier

Caporal des grenadiers du 1er bataillon de la 152e demie-brigade

A Benem par Strasbourg

A Benem armée du Rhin »[1].

 

 

 

 

 

 



[1] A.D. Ain 3E.

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