la retraite de Russie en Allemagne 1812

Publié le par Association Suchet, armée des Alpes

LA RETRAITE DE RUSSIE EN PRUSSE DURANT LA 1ERE SEMAINE DE DECEMBRE 1812

 

Par Jérôme Croyet, Docteur en Histoire, archiviste adjoint aux A.D. 01, collaborateur au Magazine Napoléon 1er

 

 

 

Entre le 29 novembre et le 5 décembre 1812 , 7971 hommes, sans compter les officiers supérieurs et généraux transitent par la place de Stettin. Au 6 décembre au soir, alors Napoléon vient de quitter l’armée, 50 officiers et 2 287 hommes se trouvent dans la place de Stettin.

 

Si un grand nombre de petites unités constituées passent par Stettin pour se rendre à Mayence, ce sont de très importantes demi-brigades composées des 3e ou 4e bataillons de régiments se trouvant en Espagne qui transitent par Stettin pour aller sur Dantzig. Les unités rétrogradant du front ne sont pas encore des survivants de la retraite de Russie mais des soldats sortants des hôpitaux, au nombre de 188, ou les petits dépôts de régiment, essentiellement de l’infanterie : régiment Joseph Napoléon, 15e régiment d'infanterie légère, 33e régiment d'infanterie légère, totalisant 142 hommes ; 25e et 33e régiments d'infanterie de ligne, totalisant 135 hommes ; 48e de ligne à 119 hommes. A partir du 4, ce sont principalement des détachements de marches, au nombre de trois, regroupant des soldats isolés venant des hôpitaux au nombre de 125, qui partent et arrivent à Stettin, 46% d’entre eux se rendant vers le front.

 

Si Griois pense que l’attitude des prussiens, lorsqu’il entre dans leur pays le 17 décembre, est conduite « par la crainte que le nom français leur avait inspiré si longtemps »[1] à Stettin, le gouverneur Dufresse est moins sévère, ou peut être plus naïf. A Gumbinnen, « les habitants…n’osaient encore se montrer hostiles à notre égard. Mais, derrière leurs croisées, ils voyaient avec un sourire moqueur défiler la longue et triste procession des revenants de Moscou, et je sentis combien ils jouissaient de notre humiliation et de la vengeance qu’elle leur promettait »[2]. A Stettin, le spectacle peut encore donner le change au sentiment pangermaniste. En effet, la majorité des troupes circulant dans la ville sont bien équipées et armées[3] : « l’esprit public de la Poméranie Prussienne est très bon, les habitants mettent du zèle aux différentes demandes…ils sont hospitaliers envers le militaire et les autorités locales sont en bonne harmonies avec les commandants français »[4].

De leur côté les unités partant pour le front font parties de la 30e division, commandée par Heudelet, qui arrive en ville le 2. Elles marchent en demi-brigade : 6e demi brigade d’infanterie légère[5] le 2, la 7e demi-brigade[6] le 3 et 9e demi-brigade les 3 & 4[7]. Entre le 2 et le 4, c’est presque toute la 3e division qui passe par Stettin[8]. Si l’aspect du nombre est là, les mentalités des militaires sont toutefois ébranlées par les conditions climatiques et les événements en cours tant et si bien que les ressources en chevaux et en voitures du pays sont sévèrement mises à contribution : « j’ai vu depuis un mois que je sui ici, fournir par la ville de Stettin jusqu’à 20 voitures pour deux bataillons indépendamment des chevaux utiles à leurs caissons, il n’y a pas nu petit employé à la suite de l’armée qui n’ait des prétentions à une voiture pour ses effets et qui ne l’exige impérieusement »[9].



[1] Griois : Mémoire du général Griois, 1812-1822 annotées et présentées par Arthur Chuquet et Michel Legat, Bernard Giovanangeli éditeur, 2003.

 

[2] Griois : Mémoire du général Griois, 1812-1822 annotées et présentées par Arthur Chuquet et Michel Legat, Bernard Giovanangeli éditeur, 2003.

 

[3] Les troupes françaises, entre le 29 novembre et le 5 décembre, transportent avec elles 22 caissons et disposent encore de 60 chevaux sans compter l’artillerie des 5e et 1er régiment à pied.

 

[4] Rapport du 1er au 5e décembre 1812. Collection particulière.

 

[5] Elle est composée des 4e bataillons des 16e, 21e & 28e régiments d'infanterie légère, totalisant 2 537 hommes et 62 officiers.

 

[6] Elle est composée des 4e bataillons des 8e, 14e et 94e de ligne, pour un total de 2 333 hommes et 56 officiers.

 

[7] Elle est composée des 4e bataillon des 24e, 45e et 59e de ligne, pour un total de 2 200 hommes et 68 officiers.

 

[8] Le 2e, ce sont les ambulances de la division conduites par le train des équipages qui arrivent en ville.

 

[9] Rapport du 1er au 5e décembre 1812. Collection particulière.

 

 

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