La division Molitor en Rhône-Alpes en 1809

Publié le par Association Suchet, armée des Alpes

LA DIVISION MOLITOR EN 1809

Par Jérôme Croyet, docteur en histoire, archiviste-adjoint aux A.D. de l’Ain

 

La division Molitor est la 7e division d’infanterie, partie du 4e corps commandé par Masséna. Elle compte 10 bataillons pour un total de 7 200 hommes.

Elle est composée de deux brigades d’infanterie de ligne et d’une artillerie divisionnaire. La première brigade est commandée par le général Legay qui comprend deux bataillons du 2e régiment d'infanterie de ligne pour un total de 1 440 hommes et 3 bataillons du 16e régiment d'infanterie de ligne pour un total de 2 160 hommes. La seconde brigade est commandée par le général Raymond-Viviès et comprend 3 bataillons du 37e régiment d'infanterie de ligne pour un total de 2 160 hommes et 2 bataillons du 67e régiment d'infanterie de ligne pour un total de 1 440 hommes. L’artillerie divisionnaire est composée de la 8e compagnie du 2e régiment d’artillerie à pied et de la 1ère compagnie du 4e régiment d’artillerie à cheval. A Wagram, la division reçoit le renfort de la 21e compagnie du 1er régiment d’artillerie à pied.

Avant de venir se couvrir de gloire à Essling et Wagram la division rejoint la Grande Armée en passant à travers la France. Ce cheminement la conduit, du 24 décembre à Meximieux puis du 2 au 6 janvier 1809, de Bourg-en-Bresse à Mâcon, en Saône-et-Loire.

 

Décembre 1808 : l’Ain

Le 21 décembre 1808, le préfet de l’Ain prend des mesures pour l’étape des divisions Molitor et Boudet à Meximieux. Elles passent, avec artillerie et train dont les chevaux sont réquisitionnés sur place, en deux convois : du 24 au 27 puis 30 décembre puis du 2 au 8 janvier 1809. Les troupes sont répartis, à leur passage sur le canton : « un tiers de chaque corps et tous l’état-major à Meximieux, un tiers à Loyes, un ½ tiers à Pérouges, un ½ tiers au Bourg-Saint-Christophe »[1]. Afin de trouver leur cantonnement, la ville de Meximieux doit fournir un guide aux différents détachements.

Le 26 décembre 1808, le ministre de la Guerre informe le préfet de Saône-et-Loire de l’arrivée de la division Molitor, forte de 7 000 hommes, en la ville et son cantonnement provisoire dans les environs. Comme pour chaque troupe de passage, tout doit être mis en œuvre pour ce cantonnement. Toutefois, le préfet signale que la réception de ces troupes doit être fait avec « l’appareil du à des militaires couverts de lauriers »[2].

Dès le 27 décembre, le maire de Loyes écrit au préfet de l’Ain qui, le 29, annule son arrêté de répartition pour un prendre un nouveau répartissant de façon plus précise les régiments et les compagnies, déchargeant les petites communes d’un trop plein de soldats et les répartissant plus sur Meximieux et dans le temps. Le 30 décembre, le 14e chasseurs cantonne à Meximieux[3]. Le 2 janvier, c’est le 2e régiment d'infanterie de ligne, fort de 400 hommes qui arrive à Meximieux où cantonne un bataillon et l’état-major, le reste étant dispersé entre Loyes[4], Pérouges et Bourg Saint-Christophe. Le 3 janvier, c’est le 37e de ligne fort de 1 660 hommes[5]. Le 4 c’est au tour du 16e, régiment d'infanterie de ligne[6], fort de 2 160 hommes, « les 6, 7 et 8 les troupes d’artillerie de la division le 19e et le 3e régiment de chasseurs à cheval en entier à Meximieux »[7].

Janvier 1809 : la Saône et Loire

A Mâcon, dès le 31 décembre 1808, le conseil municipal se réunit extraordinairement sur convocation du préfet qui lui apprend le passage en ses murs d’une « portion de ces braves »[8]. Afin de rendre les honneurs à ses hommes et de « leur donner une preuve éclatante des sentiments qui…animent » la municipalité, le préfet invite le conseil municipal à marquer le passage de la division Molitor de fêtes et de réjouissances, comme « dans les [autres] villes où s’effectue le passage »[9] des troupes de la Grande Armée. Par cette invitation, le préfet cherche non seulement à rendre hommage aux hommes qui font la grandeur de l’Empire mais aussi à matérialiser l’engouement de la population civile pour l’armée « que [nous]…suivîtes, dans la pensée, sur les bords de l’Oder et de la Vistule, et dont…[nous] calculâtes avec tant de sollicitudes, les dangers et les privations »[10]. Cette proposition, accueillie sous les applaudissements, enthousiasme le maire. Ce dernier est autorisé, au nom de la ville de Mâcon, à faire disposer un repas, sous forme de « table d’hôte »[11] et des fêtes dans le principal salon de l’hôtel de ville pour y recevoir les officiers de la division Molitor le jour de leur arrivée. Les hommes de troupe recevront une bouteille de vin[12] et une ration de viande[13]. Dès le lendemain, cette délibération est approuvée par le préfet qui donne les ordres nécessaires le jour même à la mise en place de cet événement dont les dépenses sont à la charge de la ville.

 

Les troupes quittent Bourg par échelon comme elles sont arrivées à Meximieux : le 2e régiment d'infanterie de ligne qui compte 1 400 hommes le 2 janvier 1809, le 37e régiment d'infanterie de ligne avec 1 660 hommes le 3, le 16e régiment d'infanterie de ligne avec 2 160 hommes le 4, le 67e régiment d'infanterie de ligne avec 1 300 hommes le 5 et enfin l’artillerie et le train forts de 1 600 hommes le 6. Elles arrivent à Mâcon où elles sont accueillies. Dès le 7 janvier, le maire reçoit l’autorisation du préfet de piocher l’argent pour payer la réception, qui a eu lieu, de la division Molitor, sur les fonds destinés à la construction de l’église.

Dans l’Ain, ce passage massif de troupe soulève le problème des fournitures de fourrages pour les chevaux et pousse le préfet, le 16 janvier 1809, à arrêter qu’à l’avenir les approvisionnements de fourrage seront fait par voie de réquisitions, comme en l’an II.



[1] A.D. Ain 1R 1039.

[2] Lettre du préfet de Saône-et-Loire au maire de Mâcon, Mâcon, 1er janvier 1809. A.C. Mâcon.

[3] Il est fort de 380 hommes et 370 chevaux.

[4] Deux compagnies du 2e régiment d'infanterie de ligne cantonnent à Loyes, 2 à Pérouges et 2 à Bourg saint-Christophe.

[5] 3 compagnies logent à Loyes, 3 autres à Pérouges, 3 autres à Bourg Saint-Christophe et le surplus plus l’état-major à Meximieux.

[6] 3 compagnies à Loyes, 4 à Pérouges, 3 à Bourg Saint-Christophe et le reste à Meximieux.

[7] A.D. Ain 1R 1039.

[8] Extrait des délibérations de la ville de Mâcon, 31 décembre 1808. A.C. Mâcon.

[9] Extrait des délibérations de la ville de Mâcon, 31 décembre 1808. A.C. Mâcon.

[10] Extrait des délibérations de la ville de Mâcon, 31 décembre 1808. A.C. Mâcon.

[11] Lettre du préfet de Saône-et-Loire au maire de Mâcon, Mâcon, 1er janvier 1809. A.C. Mâcon.

[12] La bouteille de vin doit coûter environ 15 centimes.

[13] Cette ration est de un quart de kilogramme au prix de 10 centimes la ration.

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