Bicentenaire d'Erfurt

Publié le par Jean Boyer dit m'sieur le maire

E R F U R T : LE RENDEZ-VOUS MANQUE

Par Jean Boyer, membre de l’Académie de la Dombes, membre de l’Association Maréchal Suchet, armée des Alpes

 

 

L’Empire français de Napoléon 1er en 1808 est à son apogée. Il s’étend des côtes du Portugal jusqu’aux grandes plaines de duché de Varsovie. Mais les grands empires sont fragiles et agités par des soulèvements nationaux. C’est bien le cas dans la péninsule  ibérique sous le roi Joseph, frère de Napoléon dont les peuples espagnols et portugais se révoltent avec le soutien de l’éternel ennemi britannique. Napoléon alors occupé avec sa grande armée à l’est est contraint d’intervenir pour remettre son frère sur le trône. Mais il craint alors que prussiens et autrichiens ne profitent de l’occasion pour s’étendrent à nouveau à l’est.

Napoléon cherche donc le soutien de son allié le tsar Alexandre depuis le traité de Tilsit qui marque leur alliance après la bataille d’Eylau (1807). Il compte ainsi séduire le tsar par de somptueuses fêtes qui vont durer 3 semaines dans la ville allemande d’Erfurt, qui se situe sur les bords de la Géra, non loin de Weimar. Le tsar accepte car il désir obtenir de son côté les mains libres pour « s’occuper » des provinces danubiennes et de la Finlande. En échange, il approuvera la conquête de l’Espagne. A cette rencontre , seront convoqués vers la fin de l’entrevue, les rois de Bavière, de Saxe, de Wurtemberg et les princes de la confédération de Rhin.

« Une foule entourait dès la veilles les avenues de son palais, écrit Talleyrand, chacun voulait voir, approcher celui qui dispensait tout : trônes, misères, craintes, espérances… ». Talleyrand est , en effet envoyé par l’Empereur en tant que diplomate. C’est là une faute qui pèsera lourd sur l’avenir de l’Europe. Talleyrand est bien décidé, cette fois à trahir son maître. Dans son entrevue qu’il sollicite avec le tsar, il lui dit : « Sire, que venez-vous faire ici ? C’est à vous de sauver l’Europe et vous n’y parviendrez qu‘en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l’est pas. Le souverain russe est civilisé, son peuple ne l’est pas : c’est donc au souverain de Russie d’être l’allié du peuple français. Le Rhin, les Alpes, les Pyrénées sont des conquêtes de la France. Le reste est la conquête de l’Empereur. La France n’y tient pas ! ». Et ce n’est pas tout ! le prince de Bénévent fait ensuite comprendre au tsar que, loin de calmer l’Autriche, il faut au contraire pousser Vienne à s’armer afin qu’Alexandre puisse avoir un jour auprès de lui une puissante alliée qui lui permettra de vaincre le perturbateur de l’Europe.

Finalement le traité est signé entre Napoléon et Alexandre : la Russie avait les mains libres en Finlande et dans les provinces danubiennes, et la France en Espagne !

Quant à l’Autriche, si elle se montrait réticente devant le partage, ou si elle osait attaquer l’empire français, le tsar et Napoléon uniraient leurs forces contre elle.

Satisfaits de leurs arrangements, mais mécontents l’un de l’autre, les deux empereurs se séparèrent le 14 octobre sur le chemin de Weimar, après s’être embrassés devant leurs états majors. Il ne devaient plus se revoir.

Le 12 avril 1809, ce que Napoléon craignait, arriva et la 5e coalition réunissant l’Angleterre, l’Autriche, l’Espagne et le Portugal attaqua le Duché de Varsovie. Là encore Napoléon sut faire face à la situation, mais ceci est une autre histoire.
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