Decroso Chirurgien au 4e gardes d'honneur

Publié le par Hervé Giordanengo

UN BRAVE, LOUIS-MARIE DECROSO, CHIRURGIEN MILITAIRE ET HOMME DE BIEN

Par Hervé Giordanengo, membre du Souvenir napoléonien

 

 

 

Louis-Marie Decroso naît le 20 mai 1777 à Nantua. Son père, Anthelme Decroso est propriétaire, notaire à Pont-d’Ain et fut agent municipal puis maire de 1797 à 1813. Sa mère est Anne-Claudine Mathieu. Son parrain est Louis Decroso, procureur. Il appartenait à l’une des plus honorables et des plus anciennes familles de Pont-d’Ain. Pas moins de cinq générations de notaires s’y succédèrent. On trouve d’ailleurs trace de sa famille dès 1423, sous Amédée VIII de Savoie, dans un acte d’abergeage des droits de péage de pontonnage du pont de Pont-d’Ain aux bourgeois Claude Oriol et Jacquemet de Croso. En 1795, à l’âge de 18 ans, il s’engage comme volontaire dans la gendarmerie. Il est presque aussitôt porté lieutenant de gendarmerie par le choix unanime de ses compagnons d’armes et est dirigé sur Grenoble. Mais ce service ne convient pas à l’ardeur de son tempérament. Un an après, il dépose son épaulette, court à la frontière et s’engage, comme simple hussard, dans le 10ème régiment de hussards. Il assiste, en Italie, aux batailles de Montenotte, de Lodi, d’Arcole et de Rivoli. Il est fait prisonnier peu de temps après et est conduit en Hongrie. Il est compris, quelques mois plus tard, dans un échange de prisonniers. De retour en France, il rejoint son régiment avec lequel il combat glorieusement à la bataille de Marengo. La paix étant faite, il rentre dans ses foyers, couvert de blessures. C’est à cette époque, de 1801 à 1804, qu’il se livre à l’étude de la médecine à Lyon, ensuite à Paris. Il est inscrit en 1802 comme auditeur au cours de Jean-Baptiste Lamarck, membre de l’Institut. Les perpétuels orages politiques de l’époque ne permettaient guère à la jeunesse de cultiver les sciences. Louis-Marie Decroso trouve dans les connaissances médicales qu’il a acquises, un moyen efficace de servir de nouveau son pays. Il entre dans la marine comme chirurgien sous-aide. Il s’embarque sur une corvette de l’Etat qui fait voile pour l’Islande. Après une croisière de quelques mois et un retour heureux sur notre continent par les côtes de Norvège, son navire fait naufrage à l’entrée même du port de Boulogne. Des 150 hommes dont se compose l’équipage, 14 seulement réussirent à échapper à la mort. Notre chirurgien se sauve à la nage. Par un hasard providentiel, il est jeté par une lame sur la plate-forme d’un rocher, à quelques lieues de la côte. Il est vivant, mais il a la jambe et le bras droit cassés. Trois jours se passent avant que la tempête permette aux marins de venir au secours des naufragés. Cet événement détourne Louis-Marie de sa carrière de chirurgien de la marine. Il va se consacrer désormais au service actif de terre. Il entre au service de l’armée de terre comme chirurgien sous-aide major le 21 janvier 1805 au 15ème régiment d’infanterie légère. Il se trouve à Austerlitz avec les ambulances de la ligne le 2 décembre 1805. Dans les années 1806 et 1807, il prodigue ses soins empressés aux blessés qu’il secoure sur les champs de bataille d’Iéna, d’Eylau, et de Friedland. Cette belle conduite lui mérite le grade de chirurgien aide-major le 22 septembre 1808. Il est présent en 1809 à Essling et à Wagram. Il est promu chirurgien-major au corps de l’armée de l’Elbe le 18 août 1811. La même année, il reçoit une gratification de 600 francs. Il sert au 26ème régiment d’infanterie légère le 29 mars 1812. Il fait en cette qualité une partie de la campagne de Russie en 1812. Quelques jours avant la bataille de la Moskowa, son colonel reçoit une balle dans la jambe. Seul, contre l’avis de tous ses collègues, il s’oppose à l’amputation et répond de la guérison du blessé confié à ses soins. Cette guérison a lieu et prouve l’habileté de notre chirurgien qui revient en France avec son malade, échappant aux désastres de la retraite de Moscou. Présent partout où il y a un danger à courir et des services médicaux à rendre, Louis-Marie Decroso fait encore la campagne de 1813 comme chirurgien-major au 4ème régiment des gardes d’honneur. Il se signale à nouveau par son activité, son dévouement et son courage au milieu des ambulances volantes du baron Larrey à Dresde, à Leipzig, à Hanau. Il est blessé durant la campagne de France en 1814 et est nommé chevalier de la Légion d’Honneur. Il est licencié par mesure générale le 1er août 1814. Il profite de sa convalescence pour présenter le 6 septembre 1814 sa thèse ayant pour titre « Propositions sur les blessures faites par les armes à feu ». Il est à nouveau en activité en 1815 et se retrouve compris dans le licenciement général après l’abdication de l’Empereur. En 1818, il rentre, de nouveau, au service et y reste jusqu’en 1830, époque à laquelle il prend définitivement sa retraite. De retour dans la vie civile, il ne cherche plus que l’occasion de se dévouer à la science et à faire le bien. On le retrouve en 1849, à l’âge de 72 ans, consacrant ses jours et ses nuits aux victimes du choléra qui ravage Paris. Une médaille d’argent fut la récompense de son zèle. A partir de ce moment, les infirmités résultant de ses blessures et de ses campagnes le condamnent à un repos forcé. Il vécut longtemps encore et s’éteint, à 85 ans, plein de calme et cette sérénité qui caractérisent l’homme de bien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Gardes d'honneur

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